La France a célébré avec ferveur sa libération en 1944, pourtant dans certaines villes le cauchemar de l’occupation allemande s’est poursuivi jusqu’à la toute fin de la guerre. Pendant que le pays savourait sa liberté retrouvée, les habitants de Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle ou Royan vivaient encore sous la botte nazie, subissant pénuries et bombardements. Retour sur ces poches de résistance allemande oubliées.
Des “forteresses” retranchées sur la côte Atlantique
Le 19 janvier 1944, Hitler déclare une dizaine de ports français “forteresses” (Festungen) devant être défendues jusqu’au bout. Lourdement fortifiées, ces villes deviennent des bastions de la résistance allemande :
- Dunkerque
- Lorient et sa région
- Saint-Nazaire et ses alentours
- La Rochelle
- Royan et la pointe de Grave
Malgré l’avancée alliée, les troupes du Reich s’y retranchent, bien décidées à défendre ces positions stratégiques. Elles profitent de fortifications imposantes, de stocks de munitions et de vivres qui leur permettront de tenir de longs mois, faisant fi de la souffrance des populations civiles.
Des civils otages, victimes jusqu’au bout
Pour les habitants de ces “poches”, la Libération tant espérée n’est qu’un mirage. Pris en tenaille entre occupants et libérateurs, ils subissent pénuries, réquisitions et bombardements. Les civils tentent de fuir par tous les moyens, mais beaucoup resteront prisonniers jusqu’à la capitulation finale.
On avait faim, froid, on était bombardés jour et nuit. On survivait dans les caves, on ne savait plus à quel saint se vouer. Certains sont morts de faim, de maladie. C’était l’horreur.
– Yvette, 88 ans, habitante de Lorient pendant la guerre.
Des combats oubliés qui feront rage jusqu’en mai 1945
Pendant que le reste de la France fête la victoire, les forces alliées se heurtent à la résistance farouche des garnisons retranchées. Des batailles acharnées se déroulent pour réduire ces poches, faisant de nombreuses victimes civiles et militaires. Il faudra attendre la capitulation allemande du 8 mai 1945 pour que ces villes retrouvent enfin la liberté, au terme d’un siège épuisant.
Le lourd bilan humain et matériel de l’obstination nazie
Au sortir de la guerre, ces villes meurtries pansent leurs plaies. Le bilan est lourd : destructions massives, populations traumatisées par des mois de privations et de bombardements. La reconstruction sera longue et difficile, d’autant que leur calvaire a été éclipsé par la liesse de la Libération.
L’histoire de ces poches de résistance allemande reste méconnue. Elle illustre pourtant le prix payé par certaines villes pour l’obstination nazie à combattre jusqu’au bout. Et elle nous rappelle que pour beaucoup de Français, la guerre n’a pris fin que le 8 mai 1945.