Dans un geste fort visant à réduire la surpopulation carcérale et favoriser la réinsertion, le Burkina Faso a annoncé qu’environ 1200 personnes condamnées bénéficieront d’une grâce présidentielle à compter du 1er janvier 2025. Cette décision, prise par le chef de la junte au pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré, témoigne de la volonté du gouvernement de s’attaquer aux problèmes chroniques du système judiciaire burkinabè.
Une grâce présidentielle pour plus de 1200 condamnés
Selon le ministre de la Justice Edasso Rodrigue Bayala, parmi les 1200 condamnés concernés par cette mesure, plus de 400 bénéficieront d’une remise totale de peine, tandis que plus de 750 auront droit à une remise partielle. Trois détenus, initialement condamnés à la prison à perpétuité, verront leur peine commuée en prison à temps. Les identités des personnes graciées n’ont pas été divulguées.
Des modifications du Code de procédure pénale
Parallèlement à cette grâce présidentielle, le gouvernement a adopté plusieurs modifications du Code de procédure pénale afin d’améliorer la réinsertion des auteurs d’infractions et de réduire le nombre de personnes détenues pour des délits mineurs. Le ministre de la Justice a reconnu que ces mesures visaient à « couper en amont le flux des personnes qui sont détenues, souvent pour des peccadilles ».
Lutter contre la surpopulation carcérale
L’objectif principal de ces décisions est de réduire la surpopulation carcérale, un problème majeur au Burkina Faso. Le ministre Bayala a également déploré la lenteur légendaire de la justice, un reproche fréquemment adressé au système judiciaire du pays.
Une « grâce amnistiante » pour les putschistes de 2015
Une semaine avant cette annonce, le gouvernement avait déjà adopté un projet de loi octroyant une « grâce amnistiante » à plusieurs personnes condamnées pour leur implication dans le putsch manqué de septembre 2015. Pour en bénéficier, les condamnés devront s’engager dans la reconquête du territoire et participer activement à la lutte contre le terrorisme.
Un contexte sécuritaire préoccupant
Ces mesures interviennent dans un contexte sécuritaire particulièrement difficile au Burkina Faso. Depuis près de dix ans, le pays fait face à de nombreuses attaques de groupes armés jihadistes, forçant près de deux millions de Burkinabè à se déplacer. Selon l’ONG Acled, ces violences ont fait plus de 26 000 morts depuis 2015, dont plus de 13 500 depuis le coup d’État de septembre 2022.
La grâce présidentielle et les modifications du Code de procédure pénale témoignent de la volonté du gouvernement de s’attaquer aux problèmes structurels du système judiciaire burkinabè. Reste à savoir si ces mesures suffiront à améliorer durablement la situation carcérale et sécuritaire du pays, confronté à de multiples défis.